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Bien chez soi

On peut mal aider ?!

Temps de lecture : 2 minutes 30 secondes

Si on vous disait que trop d’aide peut nuire au bien être et à la santé des plus âgés d’entre nous, vous y croyez ?

A lire un article qui froisse les évidences !

Aider son prochain, quoi de plus noble comme démarche ! D’ailleurs, n’était-ce pas les nobles et notables qui jadis offraient la charité aux indigents dans le besoin ?

Remarquez qu’il n’est pas juste considéré comme normal de venir en aide à son prochain. Non, c’est une action tout à fait honorable dans le sens où cela octroie aussi une valeur à celui qui l’émet, comme un contre-don d’estime rendu à la personne aidante.

Aider son prochain fait partie du socle de nos valeurs judéo-chrétiennes, si profondément associées à quelque chose de positif que l’on est bien loin de penser que cela peut aussi nuire à la personne aidée. Oui nuire ! Autrement dit, ce n’est pas seulement que l’aide apportée ne profite pas à la personne aidée, qu’elle est nulle en quelque sorte. Elle peut aussi générer des effets négatifs [1] !

CELA SIGNIFIE-T-IL QUE L’ON PEUT MAL AIDER ?

Oui, on peut mal aider alors mêmes que nos intentions sont tout à fait bienveillantes !

Et oui, accompagner des personnes âgées en perte d’autonomie nécessite des compétences spécifiques qui vont au-delà d’une démarche qui serait intuitivement bienveillante.

Nous avons tendance, collectivement, à déconsidérer ces métiers de l’aide, féminins en puissance, estimant qu’ils relèvent de qualités naturelles, ces fameuses compétences maternelles dont la gente féminine serait dotée.

Casser ces idées-reçues est essentiel à plusieurs titres. D’une part, parce qu’aider une personne âgée ne relève absolument pas d’un acte maternant. La perte d’autonomie fonctionnelle, même chez des individus atteints de troubles cognitifs, ne doit pas être confondue avec l’état de dépendance dans lequel se trouve le nourrisson ou le jeune enfant vis-à-vis de son environnement. D’autre part, parce qu’il est de notre devoir chez Oui Care de rendre ses lettres de noblesse aux métiers de l’aide à domicile encore trop souvent dévalorisés et dépréciés.

LE SOUTIEN NÉGATIF, ÇA EXISTE !

Cela fait déjà quelques années que les recherches en sciences humaines ont mis en avant que l’aide et le soutien apportés aux personnes âgées pouvaient avoir un impact négatif sur leur bien-être et leur santé, voire même générer un risque accru de mortalité [2].

Sans aller jusqu’à pointer des effets négatifs, d’autres études montrent qu’à partir d’un certain âge, le soutien social ne semble plus jouer le rôle protecteur qu’il pouvait jouer avant par rapport aux événements de vie négatifs [3]. Ainsi, après 80 ans, le soutien social n’apparaît plus comme un facteur venant modérer l’impact, sur la dépression, des événements de vie négatifs. Cela pourrait être lié à une difficulté chez les personnes plus âgées à mobiliser l’aide effective (peur de déranger, pudeur, peur de reconnaître sa propre vulnérabilité…).

A RETENIR…

Globalement, ce que disent ces études, c’est qu’il est essentiel de nuancer le rôle du soutien social. Certes, le soutien apporté aux âgés peut jouer un rôle important dans la qualité de vie et la santé de ces derniers. Mais cela n’est pas automatique. Cela dépend du type d’aide, de son intensité, comme de la manière dont elle est émise d’un côté, et réceptionnée de l’autre.

Déjà il faut savoir qu’il n’existe pas une seule façon d’aider, mais différents types de soutien social (pratique, émotionnel, informatif…) qui vont agir de manière différenciée sur les personnes aidées [4]. Il y a aussi le soutien que l’on reçoit effectivement (“soutien reçu”) – qui peut être imposé ou non et accepté plus ou moins facilement – et celui que l’on s’attend à recevoir si le besoin s’en faisait sentir (“soutien anticipé”).

Il est donc essentiel de nuancer la valeur positive du soutien social. L’aide peut aussi avoir des effets inverses à ceux recherchés, notamment trop d’aide peut nuire à la santé et au bien-être des personnes plus âgées.

Notes

  1. Michaëlis, N. (2012). Conduites d’appropriation individuelle et collective du soutien social : une recherche action dans le cadre d’un dispositif d’aide aux personnes en situation de souffrance au travail. Thèse de Doctorat de Psychologie. Toulouse : Université de Toulouse II.
  2. Krause, N. (1997). “Received Support, Anticipated Support, Social Class, and Mortality”. Research on Aging, Dec 1997 : 387-422.
  3. Bailly, N., Alaphilippe, D., Hervé, C. & Joulain, M. (2007). “Evénements de vie négatifs, support social et santé mentale des âgés”. L’année psychologique, 107(2) : 211-224.
  4. Le soutien émotionnel à travers les sentiments d’empathie et de réassurance a un impact beaucoup plus important sur “l’estime de soi” que l’aide concrète (ex. transports) ou les informations et conseils délivrés à la personne âgée. Cet impact est d’autant plus important que “l’estime de soi” réduit le stress et les symptômes dépressifs : Krause, N. (1987). “Life Stress, Social Support, and Self-Esteem in an Elderly Population”. Psychology Aging, 2(4) : 349-356.